Ebug Nti – Méditation – On peut se demander quelle est l’utilité d’une fête comme la Pentecôte dans le monde qui est le nôtre, un Cameroun en année pré-électorale où la manœuvre géostratégique et géopolitique a pris le nom de tribu, de l’ethnopolitique.

Un environnement où l’on se cache plus son impatience de voir placer à la magistrature suprême « notre frère du village », avec le but avoué de pouvoir enfin imposer sa tribu au reste de la nation, comme d’autres l’auraient fait en leur temps. Le rêve du règne d’un homme de notre tribu, quitte à ce que cela ne change rien à notre existence, pourvu qu’il soit du « village ». Quitte à ce qu’il présente exactement le même profil taré, par ailleurs la même humanité finie, que celui qui doit absolument partir, le fameux « must go ». Pas nécessairement parce qu’il est mauvais, encore son bilan ne dit absolument pas le contraire, mais parce qu’il n’est pas un « frère du village », si bien que notre lecture de son activité se réduit à ce qui n’est pas, quand même nous participons amplement à imparfaire ce dont nous nous plaignons. 

Max Dominique AYISSI

Un contexte d’intelligence à géographie variable où l’on critique âprement, ou justifie débonnairement les  méfaits publics selon l’origine tribale de l’auteur, si bien que même la foi ne sait plus donner le sens des choses que la raison n’a pas su tenir. A ce point, l’on est prêt à éliminer la moindre alternative, pour ne pas oser parler de rivalité, à coup de calomnies, de railleries, de manipulations médiatiques et systémiques jusqu’à la concussion où l’on observe, médusé, les noces de l’eau et du feu, de la mort et de la vie, les idylles hypocrites, sous la forme d’une association de malfaisance et de malfaiteurs. Mettre sous étau une œuvre de salubrité publique dans une manœuvre maladroite qui combine délit d’initié et déni de vérité à la manière camps totoïen, est assurément le symbole même d’un peuple qui a besoin que vienne sur lui l’Esprit. 

Quel sens prend la Pentecôte dans un contexte où l’on a une telle peur du devenir que l’on est prêt à soutenir « le nôtre » mordicus, malgré ses frasques et la multiplication publique de délits, quitte à le peindre d’un adorable qui ne lui sied pas, ni dans la forme, ni dans le fonds. Ou, à tout le moins, que ne rendent, ni par ses prestations, ni par sa prestance. Que nous dit l’Esprit à la veille de la célébration de l’unité nationale où les mêmes qui soutiennent « patriotiquement » la réforme de la gouvernance et l’être chez soi partout, soutiennent malicieusement la partition du pays et l’interdiction d’être chez-soi à des lieux particuliers, tel un projet de chaos dans une sorte de machiavélisme du nous ou rien. Tandis qu’en réponse à ce zèle sionisateur, d’autres choisissent d’ignorer complètement bi-attitudes d’indolence et d’ivresse de pouvoir qui ouvrent la porte au laisser-aller et font le lit de l’enlisement.  

Que nous dit donc la Pentecôte ? L’Esprit est garant des fins premières, originelles, en même temps que les fins ultimes, dernières. Et le livre de la Genèse nous rappelle qu’à l’origine, tous avaient le même langage. La Pentecôte nous dit que nous sommes Un, unis à l’origine par la nature où nous avons le même langage : le langage de la nation, de la patrie, de la république et de la vérité, le langage de la fraternité. L’Esprit est garant de l’unité par la diversité. La Pentecôte nous rappelle que sous la mouvance de l’Esprit, la diversité nous ramène à l’unité naturelle où toutes les langues se résument en une seule : la fraternité. La Pentecôte nous rappelle que l’Esprit intercède pour nos gémissements, même les plus inexprimables et qu’il est inlassablement à l’œuvre, même quand il nous vient de ne pas le voir. 

A l’opposé, quand, sous le prétexte du bien, nous manipulons l’opinions, embrigadons les âmes sensibles, à des fins tribales ou pouvoiristes, nous faisons gémir contre nous l’Esprit et en faveur d’une société que Dieu voulu, certes à travers l’aléatoire de l’histoire – s’il en est – unie par les liens de la terre et de la culture, et non par ceux de la langue. C’est un risque qu’il convient de ne pas prendre, avoir contre soi l’Esprit. Car la Pentecôte nous dit à quel point nos langues humaines sont dérisoires devant la langue de l’humanité et de la fraternité. Mais aussi à quel point elles peuvent être utiles au projet de Dieu, en tant que véhicule du souffle de Dieu.